Résultat

    Et se furent ces deux bouffons qui gagnèrent les élections. Le nabot, le fou du roi, accompagné de sa copine-là, la courtisane de bas étage. Ambiance monarchique, retour en arrière, un vrai ] moyen âge. Fini l'espoir, plus de cinéma, plus de concert, plus rien... Évidement que ces deux-là allaient gagner, eux deux, si proches, si semblables, si peu originaux. Mais les électeurs furent cons, il n'y a pas d'autre mot. Les mêmes se font élire depuis des années, les mêmes, sans changement, sans créativité, si prévisibles, si désespérément semblables. Pourtant.

    Pourtant, j'y ai cru. Si. Jusqu'au dernier moment. J'ai assisté au dépouillement, pourtant pendant les vacances, j'ai parié sur le premier vote. J'ai parié, comme pour provoquer la fatalité, sur le chasseur ridicule. Il a été le premier. Je suis parti. Je voulais pas être déçu. J'étais excité, surexcité. Je sais, c'est idiot. Finalement, l'enjeu n'était pas si grand. Mais j'espérais que le facteur gagne. Lui, que je connaissais. Lui, le seul à partager mes idées, lui le seul à me défendre, lui si rebelle, mais si résonné, lui, le seul vrai insoumis que j'ai jamais connu. A part Dolores. Et puis, il avait promis, sa victoire, ce serait notre victoire. Cette victoire, il l'aurait redistribuée en parts équitables. Alors, j'ai été aveuglé par ce besoin de gagner, je me suis mis à parler, à lui faire de la pub.

    Moi. Moi , d'habitude si timide. Et puis, il paraît que j'aurais 16 ans 3 mois 22 jours. Je suis sorti, et j'ai essayé de convaincre. J'avais toujours sur moi, dans ma poche, comme un nouvel objet fétiche, à coté du portable, du mp3 , du porte monnaie, j'avais toujours la série de photos de tous les candidats. Comme si pour moi, c'était plus qu'une élection. Comme si pour moi, c'était pour me persuader que je pouvais convaincre, que j’étais brillant, que j'étais actif. J'ai même collé des affiches dans le lycée pour lui. En cachette. Le proviseur avait averti les surveillants de redoubler leur garde, pour éviter tous ces débordements d'effervescence. J'ai crée un Skyblog de soutient.

    Au début, j'y ai cru. Au début, je prenais des lycéens, au hasard, et j'allais leur parler. Putain, j'étais fier de moi. Et au début, ça marchait. Ils m'écoutaient. Même, ils promettaient, ils voteraient changement, ils voteraient nouveau. Et je me suis rapidement rendu compte qu'elles m'écoutaient. Elles étaient les seules à m'écouter, tous les types m'envoyaient chier, ils avaient autre chose à faire. Seules les filles me parlaient. Il n'y avait qu'elles, et tout ce qu'elles trouvaient à me dire, c'est qu'elles auraient sans aucun doute voté pour moi, j'étais si mignon. Salopes, mais qu'est ce que tu crois, tu me connais? Je te connais ? Comment oses-tu?

    Dès qu'on est rentrés au lycée,moi, Nath et Dolores on s'est embrassés comme si on s' étaient pas vus des deux semaines de vacances. C'est un peut vrai, on s'étaient vu hier, mais les trois lycéens s'étaient quittés avant les vacances. Et puis on est allés directement au tableau d'affichage réservé aux infos importantes. On y croyaient, on se voyaient déjà faire la fête le soir, dans deux semaines. Le proviseur avait attendu la rentrée, pour que les pions aient pu compter pendant les vacances. Et y a eu ces résultats, imprimés, impitoyables, noir sur blanc, sans appel:

« Carnaval du lycée du 20 mars 2007

meilleurs déguisements:

Agnes Lartique (déguisée en Marie Antoinette)

Baptiste Boulanger (déguisé en troubadour)

ont gagnées: 5 tickets de Gaumont

2 places pour le concert du 07/05/2007 !!!!! »

>Nath a dit:

-Et merde..., c'est la dernière fois que je me ridiculise en facteur!